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Le destin de Kathleen
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5 avril 1998

Ce jour là.

Assise sur la plus haute marche du perron, elle berce un poupon dans ses bras en lui murmurant une comptine. Du haut de ses cinq ans à peine, elle répète ces gestes de douceur et tendresse qu'on lui donne depuis sa naissance.
Elevée entre un papa et une maman qui la choie, une grand-mère qui l'adore. Cette petite fille grandit au sein d'une famille aimante.

Le soleil en ce jour de printemps est déjà chaud. 
Ce sont les vacances de printemps, les vacances de Pâques. Il n'y a pas classe ... Dimanche les oeufs seront cachés dans le jardin.
Kathleen sait qu'elle devra chercher parmi les massifs de fleurs ... au pied des lilas qui commencent à laisser apparaître leurs grappes généreuses, embaumant de leur parfum sucré ... peut-être même dans le carré de potager, entre les poireaux et les salades d'hiver.

De ses petites mains, elle remet en place les volants de sa petite robe printannière qui virevoltent au souffle de la légère brise, ce qui la fait rire, de ce rire d'enfant heureuse et insousciante. Une belle jeune femme postée dans l'encadrement de la porte baisse ses grands yeux tristes sur la fillette et l'observe quelques instants, à côté d'elle une petite valise, son sac à mains posé dessus.

Elle finit par s'asseoir sur la marche près de l'enfant. Aussi brune l'une que l'autre, les mêmes grands yeux bleux, leur visage est le même à quelques années d'éccart.
La petite fille fixe l'adulte, un sourire aux lèvres et lui tend sa poupée. 

La mère attarde son regard sur son enfant et d'une voix triste, en prenant ses petites mains dans les siennes commence à lui dire.

La mère ... Ecoute moi quelques instants, il faut que je te parle, c'est important, et je n'ai pas beaucoup de temps. On entend une voix qui en temps ordinaire doit être mélodieuse et claire, pour l'instant on peut se rendre compte que des sanglots sont contenus au fond de la gorge.

La petite fille arrêtée dans son geste, pose son bébé à côté d'elle et se rapproche de sa mère. Son sourire disparait au fur et à mesure de son petit visage enfantin.

Elle ne comprend pas bien toutes les paroles, sa mère parle vite, elle a des sanglots dans la voix. La fillette capte quelques mots par ci par là. Mamina va rentrer ... ne bouge pas de là ... sois bien sage ...je pars ... 

La jeune femme prend tendrement la petite contre elle en la serrant fort et l'embrassant. Elle finit par se lever et sans un regard elle prend son sac avec la petite valise,  descend les escaliers traverse l'allée et franchit la grille du jardin.

La petite fille reste là sans bouger comme paralysée, suivant la femme du regard jusqu'à ne plus la voir. Souvent sa maman la laisse seule quelques minutes, le temps d'aller chercher une baguette de pain, elle lui explique et la petite ne bouge pas, reste sage ... Sa maman revient toujours avec un caramel ou une sucette... Mais jamais elle n'emmène son sac à mains ou même une valise.

La valise on ne la prend que pour partir tous ensembles, papa mamina maman et moi ... La petite fille est songeuse, son coeur bat vite, elle sent des larmes monter à ses yeux et rouler sur ses joues. Elle a un mauvais pressentiment. Elle essaie de se rappeler les paroles de sa mère ...Pourquoi n'a t-elle pas mieux écouter ? Pourquoi sa maman ne la pas emmenée ?

D'un geste de la main, elle essuie ses yeux, quand elle entend la grille du jardin grincer sur ses gonds s'ouvrir. En levant la tête elle voit Mamina rentrer du marché avec son panier plein. 

D'un mouvement brusque elle se lève et court se réfugier dans les jambes de sa grand-mère. Dans sa tête tout se bouscule, elle essaie d'expliquer à Mamina que maman est partie avec la valise ... Prise de gros sanglots elle n'arrive plus à parler.
L'aïeule se baisse et prend la petite dans ses bras, son panier de victuailles dans une main, elle grimpe les quelques marches et entre dans la cuisine. 

Sans lâcher la petite fille, elle pose son panier sur la table, tire une chaise pour prendre place, installe l'enfant sur les genoux, elle essuie les yeux de sa petite fille et attend qu'elle se calme un peu tout en la berçant.

Soudain son regard se pose sur une feuille de papier posé sur la table, elle avance le bras pour lire le contenu.
'' Mère, je n'en peux plus de cette vie ... je pars. Prenez soin de ma petite Kath."

 

 

 

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