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Le destin de Kathleen
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9 avril 1998

Pâques

Voilà bientôt une semaine que cette petite fille n'a pas revu sa maman. Le soir au coucher alors que Mamina se penche sur son petit lit, pour l'embrasser et lui souhaiter une douce nuit. L'enfant pleure de longues heures avant de s'endormir.

Doucement dans sa tête elle appelle cette mère absente. Rêve d'entendre grincer cette vieille grille et voir apparaître cette belle jeune femme souriante dans sa robe à fleurs.

Depuis ce jour, Kathleen a effacé son joli sourire qui lui creusait ses petites joues par deux fossettes. Ses grands yeux rieurs sont devenus tristes et sans expression. On dirait qu'ils se sont même assombris.

Rare sont les fois ou le rire cristallin résonne au travers de ce pavillon de banlieue. Elle ne parle plus beaucoup non plus, assise sur un coin du canapé, sa poupée dans ses bras, les yeux dans le vague... 

Ce dimanche matin, Mamina a préparer avec soin sa petite-fille. La grande toilette faite, elle l'habille d'une robe de velours rose le bas bordé de dentelle blanche, comme si un petit jupon dépassait. Ses longs cheveux propres sont séchés et coiffés en deux jolies couettes tenues par de beaux rubans. Ses pieds chaussés par de jolis souliers noirs vernis. 

La petite fille se tient droite, attendant son papa, pour aller au jardin chercher les oeufs que les Pâques ont cachés. 

Cette fête habituellement se passe dans la joie, les oh ! les ah ! Les éclats de rire.

La petite fille espère toujours que ce dimanche ne se passera pas sans sa maman... Mais rien ne vient. Elle finit par se faire une raison.
Elle glisse sa main dans celle que son père lui tend, et Mamina sur leurs talons, un panier d'osier à la main, les voilà tous trois dans le jardin à la recherche des trésors en chocolat.
Kathleen, d'un pas traînant, sans grand conviction fait semblant de chercher. En croisant le regard de son père, elle s'aperçoit qu'il ne sourit pas, qu'il ne sourit plus, que ce rictus triste sur sa figure n'est autre qu'un semblant. Mamina, essaie mais n'arrive pas à tromper non plus la petite fille.
Du haut de ses cinq ans, elle vient de grandir d'un coup. Elle vient de réaliser que son propre chagrin les adultes peuvent aussi le ressentir.

Le repas dominical que Mamina à préparer avec le soin habituel, se déroule calmement. La mère et le fils échangent quelques propos d'adultes que Kathleen ne comprend pas franchement. Elle chipote bien un peu dans son assiette, l'appétit n'est plus aussi présent qu'avant. Manger devient une véritable corvée. Elle n'a pas la force de mâcher et d'avaler les aliments. Une grosse boule à chaque fois se coince dans sa gorge ...

Son père de sa fourchette lui tend une bouchée de viande, Kathleen secoue sa tête en faisant non ... Le père repose sa fourchette d'un air triste. Il voit que sa petite n'est plus la fillette pleine de vie et de joie. Il voit mais se sent impuissant. Comme un appel au secours, il regarde sa mère ... qui hausse légèrement les épaules l'air de dire " ne t'en fais pas, ça va passer" et d'une voix douce lui affirme que la reprise de l'école va arranger les choses ...

Après ce repas passé dans la tristesse pour la petite fille, le père les emmène se promener sur les bords de la Marne. Ils se mettront à une grande terrasse au soleil, pour déguster une glace ... 

 

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